Jeudi 24 novembre 2022

9h- 17h – Espace Mendès France
Journée d’échanges
Des fluides et des hormones

De quoi est composé le sang des menstruations ? S’agit-il du même que celui qui coule dans nos veines ? Que dit-il du corps et de son fonctionnement ? Quelle est la place de ce sang dans les savoirs gynécologiques ? Et qu’en est-il des hormones ? Quels sont leurs effets sur le syndrome prémenstruel ? Sont-elles responsables des variations de l’humeur ? En quoi cette croyance nourrit-elle une vision stéréotypée des personnes menstruées ?

Cette journée fait dialoguer les disciplines pour répondre à ces questions à partir de recherches scientifiques variées : endocrinologie, histoire, neurosciences, communication, médecine et sociologie nous permettrons d’approfondir nos savoirs.

Journée organisée par Marion Coville, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, IAE, université de Poitiers ; Héloïse Morel, médiatrice scientifique à l’Espace Mendès France et Stéphanie Tabois, maîtresse de conférences en sociologie, UFR STAPS, université de Poitiers.

Matinée
Fluides
compositions et représentations

9h : Accueil

9h30 – Introduction par Marion CovilleHéloïse Morel et Stéphanie Tabois.

10h – 11h30 – Table ronde (Modération : Maya Merle)
Avec :

  • Élise Thiébaut, écrivaine et journaliste. Autrice, notamment, de Ceci est mon sang. Petite histoire des règles, de celles qui les ont et de ceux qui les font. (2017, La Découverte), L’amazone verte (Le roman de Françoise d’Eaubonne) (2021, Ed. Charleston) et Au Bonheur des vulves, avec Camille Tallet, (2021, Ed. Leduc).
  • Camille Berthelot, chargée de recherches à l’INSERM et directrice de l’équipe Génomique Fonctionnelle Comparative à l’Institut Pasteur. Ses recherches portent sur les modes d’évolution de la menstruation chez différents groupes de mammifères
  • Sophie Barel, doctorante en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université de Rennes 2 (laboratoire PREFICS), sa thèse porte sur la représentation politique féministe du corps sur les médias sociaux numériques.

11h30 – 12h : Echanges avec le public

Extrait de la série photographique « Menstrues », Bee Lumen

12h – 12h30 : Découverte et présentation de l’exposition photographique Menstrues par Bee Lumen, militante féministe, photographe et psychologue installée au Mans.

12h30 – 14h : Pause déjeuner

Après-midi
Hormones
quelles influences ?

14h – 14h30 : Projection du court-métrage Tirésias et présentation par sa réalisatrice, Alphée Carrau.

Thomas, jeune biologiste, mène des recherches sur une bactérie “féminisante” qui affecte les cloportes. Ce manipulateur des corps s’incarne en Tirésias moderne.

Diplômée de l’École Européenne Supérieure de l’Image de Poitiers en 2014 et fondatrice du collectif KIMCHI, Alphée Carrau manie la vidéo expérimentale et le court-métrage.

14h30 – 16h : Table ronde (Modération : Marion Coville)
Avec :

  • Norah Defamie, maîtresse de conférences en Physiologie Animale à l’Université de Poitiers, enseignante en Science de la Vie et chercheuse au laboratoire STIM
  • Armelle, médecin généraliste, pratiquant depuis 11 ans, et installée depuis 4 ans à Paris dans un quartier prioritaire de la ville, elle accompagne depuis 4 ans des personnes trans et non binaires dans leur parcours de transition médicale
  • Stéphanie Pache, professeure de sociologie du genre et des sexualités au département de sociologie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), ses recherches portent sur les enjeux sociaux et politiques de la santé
  • Victoria Hatem, récemment diplômée de l’École Normale Supérieure de Lyon, son mémoire de Master 2 porte sur les trajectoires biographiques de trois femmes malades d’endométriose et leurs usages de la testostérone, dans une perspective bio-militante

16h – 16h40 : Échanges avec le public

16h40 – 17h : Synthèse de la journée


18h30 – 20h – Espace Mendès France

En finir avec les idées reçues
à propos des hormones
Conférence de Catherine Vidal

Catherine Vidal, est neurobiologiste, directrice de recherche honoraire à l’Institut Pasteur de Paris, co-fondatrice du réseau international de recherches sur le cerveau et le genre « NeuroGenderings », membre du Comité d’Ethique de l’Inserm et du Haut Conseil à l’Egalité, auteure du rapport de la commission Santé du HCE : « Prendre en compte le sexe et le genre pour mieux soigner : un enjeu de santé publique ». Livres récents:  Nos cerveaux resteront-ils humains ? Le Pommier ; Nos cerveaux, tous pareils, tous différents, Belin ; Cerveau, sexe et pouvoir (avec D.Browaeys), Belin ; Femmes et santé : encore une affaire d’hommes ? (avec M. Salle), Belin.

En finir avec les idées reçues à propos des hormones

Avec les avancées des neurosciences, le cerveau est devenu une référence majeure pour décrire l’être humain dans sa subjectivité, ses actions, sa vie privée et sociale. La « biologisation » de nos comportements est omniprésente dans l’espace public. L’action des hormones sur le cerveau est régulièrement invoquée pour expliquer la vie amoureuse, les rencontres, les liens sociaux, les conflits, etc. Ainsi l’hormone dénommée ocytocine serait responsable du coup de foudre, de la fidélité, de l’instinct maternel. Quant à la testostérone, son action justifierait l’appétit sexuel et l’agressivité des hommes…

La réalité scientifique est toute autre. Le cerveau n’est pas une machine neuronale programmée par les hormones. Au contraire, l’être humain est doté d’un cortex cérébral unique en son genre qui lui confère la liberté de choix dans ses actions et ses comportements. La découverte de la « plasticité cérébrale » apporte un éclairage fondamental sur les processus de construction sociale et culturelle des identités de genre. Dans le contexte actuel où les études de genre sont régulièrement attaquées, il est crucial que les biologistes s’engagent aux cotés des sciences humaines et sociales pour remettre en cause les fausses évidences qui voudraient que l’ordre social soit le reflet d’un ordre biologique, dédouanant ainsi à bon compte le sexisme, l’homo- et la transphobie.